Au théâtre du Rond-Point, après « La grenouille avait raison », de James Thierrée, « A vif ! » de Kery James…

22 décembre 2016
Au théâtre du Rond-Point, après « La grenouille avait raison », de James Thierrée, « A vif ! » de Kery James…

La grenouille Théâtre du Rond-Point

« La grenouille avait raison »

James Thierrée… James Thierrée… ne serait-ce pas cet acteur qui jouait le clown blanc à côté d’Omar Sy dans Chocolat ? Eh oui … il a été l’extraordinaire « Footit » de ce film à voir absolument si vous l’avez manqué et à revoir, sans problème, ne serait-ce pour James qui y est ex-cep-tion-nel !  Comédien, danseur, acrobate, musicien et metteur en scène, il est issu, il faut le dire, d’une famille de saltimbanques avec des parents dans le milieu du cirque et, surtout, il est le petit-fils de Charlie Chaplin et, ça, ça laisse des traces au moins dans les gênes puisque James Thierrée est né à Lausanne juste trois petites années avant la mort de Charlot. En 1998, il crée, en Suisse, la Compagnie du Hanneton et, aujourd’hui, c’est au Théâtre du Rond-Point que l’on peut voir sa dernière création « La Grenouille avait raison ». Mais, dites moi, avait elle ou non raison… ?

La grenouille avait raison. Pourquoi ce titre ? Je n’en sais rien. Et ni les années qui passent, ni cette scène qui me hante joyeusement ne m’apprennent au fond pourquoi on fait ceci ou cela sur ce grand bateau ivre que l’on appelle théâ... (ce mot a besoin de vacances). Pourquoi on accroche des fils aux cintres à jardin plutôt qu’à cour, pourquoi mon corps s’articule en général à l’envers du naturel, pourquoi ce qui est catégoriquement prévu rarement se réalise ? Hein ? Et puis surtout pourquoi on imagine une histoire et on l’entreprend ? Je n’en sais rien. » Dans ce spectacle où se mêlent mime, cirque, marionnettes et musique, James Thierrée adapte l'un des contes des frères Grimm, Le Roi grenouille. Dans un décor fait de machines improbables (un escalier en colimaçon étonnant, un piano plutôt indiscipliné, un monumental lustre-nénuphar articulé), cette étrange épopée familiale puise tous ses thèmes dans la littérature fantastique. « Avec ce spectacle, il y a de minuscules mystères qui vont en avaler de grands, cela est clair. On parlera par détour d’une créature souterraine qui, curieuse des hommes, leur fit confiance et fut trahie, son cœur brisé. On imaginera en représailles une fratrie kidnappée et emprisonnée, sous la surveillance d’un kaléidoscope caractériel. Et pour finir on trempera nos pieds fourbus dans le lavoir – ascenseur révélateur d’aspirations. » Avec un style qui n’appartient qu’à lui, James Thierrée est toujours aussi fascinant. « Je fais du théâtre pour ne pas avoir à expliquer ce qui remue à l’intérieur, plutôt pour rôder autour. Donc rôdons si vous le voulez bien. Vivons ensemble, ici, quelques instants, des choses insensées qui ont peut-être du sens, à l’horizon du bout de notre nez.La grenouille nous le dira. »

James Thierrée La Grenouille

jusqu’au 31 décembre 2016 Théâtre du Rond-Point
du 16 au 21 janvier 2017 La Comédie de Clermont-Ferrand (63)
du 25 au 31 janvier 2017 Odyssud / Blagnac (31)
du 22 au 26 mars 2017 Grand Théâtre de Provence / Aix-En-Provence (13)
du 30 mars au 1er avril 2017 Théâtre de Villefrance-Sur-Saône (69)
4 et 5 avril 2017 Espace Jean Legendre / Compiègne (60)
du 3 au 7 mai 2017 Sadler's Well Theater / Londres (Royaume-Uni)
20 et 21 mai 2017 Opéra De Massy (91)
du 7 au 11 juin 2017 Théâtre National De Nice (06)

A vif Théâtre du Rond Point

« A vif ! »

Pilier du rap hexagonal, Kery James, début 2017, va avoir de nombreux projets qui vont s’offrir à lui : le théâtre, une tournée, un livre, le ciné… mais rien d’étonnant à cela, il manie si bien la langue de Molière !!!
« C’est de mon père que me vient le goût des lettres. Tout comme moi, il ne parlait pas beaucoup lorsque nous étions enfants et, pour correspondre avec nous, il nous écrivait. Nous les haïtiens, nous sommes portés sur la culture et la politique, aussi, très jeune, il m’offrait des bouquins. Je crois que le goût des mots me vient de là. Arrivé dans le Val de Marne, au collège, j’aimais soigner mes rédactions… A l’école, j’étais un peu rebelle… Un jour, la prof de français m’a fait venir à la fin du cours pour me dire que j’avais une écriture particulière, très rythmée et elle me conseilla d’écrire ma vie chaque jour. J’habitais à Orly et à la MJC, les grands faisaient du rap… et par conséquences, historique et sociale, je m’y suis mis. Il y aurait eu un club de théâtre ou de poésie… moi c’était l’écriture qui me plaisait ! »

A vif ! Kery James

Voilà pourquoi, il n’y a rien d’étonnant de retrouver notre Kery James au Théâtre du Rond-Point début janvier. « C’est la continuité de ce que je défends dans ma musique. Je suis l’auteur de cette pièce qui est un résumé de trois morceaux phares importants de ma carrière : « Banlieusards » qui poussent les jeunes à se prendre en main, pour qu’ils aillent au bout de leurs rêves, « Constat amer » où je dénonce le manque de solidarité entre les gens dans les quartiers, et « Lettre à la République » où je fustige l’état. C’est vraiment un condensé de ces 3 morceaux. » Mis en scène par Jean-Pierre Baro, Kery James sera seul en scène face à Yannick Landrein.  « Nous sommes deux élèves avocats qui passons le concours d’éloquence, le concours « de la petite conférence ». Lorsqu’ils arrivent en finale, le sujet sur lequel ils doivent débattre, et l’un répondre à l’affirmative et l’autre à la négative, est : « L’état, est-il seul responsable de la condition actuelle des banlieues en France ? » Moi, dans la pièce, je réponds « non » … et l’acteur blanc qui me fait face, sensé venir des quartiers plus aisés, répond « oui ». » Monter sur scène ne fait nullement peur à note rappeur qui vient, fin novembre dernier, de remplir le Zénith de Paris et quel spectacle ce fut ! « J’ai toujours pris la scène très au sérieux, j’essaie de vivre mes textes, je suis toujours dans l’interprétation, je ne me contente pas de les réciter… En plus, j’ai quand même fait des clips scénarisés avec Luc Besson ou Mathieu Kassovitz… »  « A vif ! » , la pièce de théâtre, est tirée du scénario du film qui sortira d’ici quelques mois. Il sera réalisé par Leila Sy qui a vraiment le sens de l’image, il n’y a qu’à voir les clips « Banlieusards », « Vivre ou mourir ensemble ! », ils sont d’un esthétisme extraordinaire ! Pour compléter le tout une biographie est prévue très vite, « Banlieusards et fiers de lettres »,  sans oublier la tournée autour de son dernier album « Mohammad Alix » !

                                       

Théâtre du Rond-Point
« A vif ! » du 10 au 17 janvier
www.theatredurondpoint.fr 

Agenda concerts
www.keryjamesofficiel.com

                                                                                             Christiane Calonne

Publié dans : Arty