Portrait : Jean CLaude Biver, une vie de montres

09 juillet 2020
Portrait : Jean CLaude Biver, une vie de montres

Jean-CLaude Biver est une figure emblématique de l'horlogerie Suisse. Parti "en bas" de l'échelle, passé par les plus grandes maisons, entrepreneur dans l'âme, génie de la communication et peut-être l'un des plus grands collectionneurs de montres de prestige. Il est difficile de dresser le portrait de cet homme avec un simple article, tant il a œuvré pour l'industrie horlogère suisse et mondiale. Nous vous proposons un tour d'horizon du parcours de Jean-Claude Biver en 3 étapes :

1) Le Dirigeant/homme d'affaire

Né au Luxembourg en 1949 puis naturalisé Suisse, Jean-Claude Biver débute sa carrière chez Audemars Piguet en 1975 où il se formera à l'art horloger au contact des techniciens et ingénieurs. Son passage au Brassus coincide avec la création par un certain Gerald Genta du modèle iconique Royal Oak. Les débuts de cette montre sont difficiles, car le modèle tout acier avec les vis apparentes sur la lunette ne convainc pas le public. Jean-Claude Biver fait ses armes et sillonne l'Europe en tant que commercial afin d'exposer la singularité de la Royal Oak aux distributeurs. Premier pari remporté car cette montre deviendra l'une des plus iconiques de l'histoire moderne de l'horlogerie.

Après un rapide passage d'un an chez Omega en 1980, Jean-Claude Biver acquiert en 1982 avec son ami Jacques Piguet directeur de la manufacture de mouvements F. Piguet, les droits de la marque Blancpain, fabricant de montres traditionnelles à ressort et en perte de vitesse depuis l'avènement de la montre à quartz, pour 22.000 francs Suisse. Ils misent sur le savoir faire horloger traditionnel et revendent la marque dix ans plus tard pour 60 millions de francs Suisse au futur Swatch group. Il en demeurera président jusqu'en 2003 tout en assurant les fonctions de directeur du marketing et administrateur délégué chez Omega qu'il rejoint une nouvelle fois suite à la demande de son ami Nicolas Hayek (président de Swatch group). Chez Omega il contribue à relancer la fameuse Speedmaster professional moonwatch en misant sur le celebrity marketing avec des ambassadeurs tel que Cindy Crawford ou Michael Schumacher.

Son second coup de génie après Blancpain se nomme Hublot. Il prend une participation minoritaire dans Hublot en 2004 et lance le modèle Big Bang qui fera la gloire de l'entreprise. Suite à la croissance fulgurante insufflée par Biver, Hublot est rachetée par LVMH en 2008. On peut définitivement dire que tout ce que touche Jean-Claude Biver se transforme en or. Il deviendra dès lors, une véritable star de l'industrie horlogère moderne.

2) Le communicant

Le génie de Jean-Claude Biver c'est sa capacité à raconter le produit, doté d'un sens du story-telling inné, il a marqué les esprits par ses slogans et ses coups d'éclats. Son premier succès remonte à l'époque de Blancpain et de la fameuse crise du Quartz, dans ce contexte il martela alors "Depuis 1735, il n'y a pas eu de montre Blancpain à quartz, et il n'y en aura jamais !".

Pour Hublot il a compris avant d'autres marques qui ciblaient alors les sports élitistes tel que le golf, la voile ect... que le football représente un moyen de communication sans égal. Il pense alors à se démarquer et propose à la FIFA d'équiper les arbitres de touches qui annoncent les changements de joueur, avec une horloge Hublot en forme de Big Bang. Le nom de ce modèle est d'ailleurs tout droit tiré de son imagination et de sa capacité de projection. Parti du constat que la Big Bang serait fabriquée avec un boitier en or et un bracelet caoutchouc il conceptualise le positionnement de l’«Art de la Fusion» pour la marque Hublot.

3) Le collectionneur

Avoir été au contact de tous les acteurs de ce secteur des décennies durant a des avantages. Sa proximité avec les différents horlogers lui a permis d'acquérir des pièces de collection rarissimes. Jean Claude Biver collectionne toutes les marques sans aucun favoritisme. Proche de Philippe Stern le légendaire patron de Patek Philippe, il en possède pléthore, aussi bien des prototypes que des éditions numéros de série 0, autrement dit des licornes. Il faut dire qu'avec une fortune estimée à 300 millions d'euros il a de quoi s'offrir les plus belles montres de collection. Ainsi en mai 2020 Jean Claude Biver a mis en vente chez "Phillips watches", une partie de sa collection soit 210 lots. Le montant de la vente s'élève à plus de 30 Millions de francs suisse. Une des pièces phares de la vente est une Patek Philippe 1518 calendrier perpetuel de 1948 en or rose avec cadran saumon qui s'est envolée à 3.6 millions de dollars (voir photo ci dessus).

Son proverbe fétiche est tibétain : "Lorsque tu es arrivé au sommet de la montagne, continue de grimper". C'est précisément ce qu'il fait, à 70 ans passé il est aujourd'hui président de la division montres du groupe LVMH. Il officie encore pour Hublot et s'occupe du lancement de la montre connectée de Tag HeuerEn ce qui concerne Zenith, qu'il dirige depuis 2017, il est à l'origine de la réédition de la fameuse El primero. Jean-Claude Biver demeure omniprésent dans l'univers des montres de luxe et son nom est associé à jamais à cette industrie.


Publié dans : Kronos mania, Lifestyle