L’invité du mois : Imany, une voix lovée dans les graves …

05 septembre 2016
L’invité du mois : Imany, une voix lovée dans les graves …

Grande, élégante et d’une beauté à couper le souffle, Imany a eu l’extrême gentillesse de nous recevoir malgré une promo accaparante. Il faut dire que cet album était fort attendu … les radios et les télés se l'arrache. 

Imany, vous êtes, à vous toute seule, l’incarnation du mot « voyage » : racines aux Comores, naissance dans le sud de la France, ado à Paris, 7 ans de mannequinat à New York, et aujourd’hui une tournée qui parcourt l’Europe tous azimuts. N’est–ce pas difficile d’avoir un chez soi lorsque l’on bouge autant ?

Non, ce n’est pas si difficile une fois que l’on a accepté que c’est la vie que l’on a choisie. Son chez soi, c’est d’abord être bien dans sa tête et, comme, je suis bien partout en plus, ça ne se passe pas trop mal.

Finalement, en dehors des tournées, aimez vous les voyages ?

Les tournées, c’est ce qu’il y a de plus frustrant car j’aime le voyage mais je n’ai pas le temps d’en profiter. On arrive, on fait la balance, le concert et on repart. Sinon, j’ai adoré le Japon. J’aime aussi New Delhi, d’ailleurs j’aimerais retourner en Inde. Un de mes rêves serait de repartir un mois ou deux là-bas. Ce serait génial ! En Afrique, j’aimerais aller au Rwanda. J’avais vu le documentaire de Sonia Rolland et le fait que le pays se soit refait, après le génocide, sur le pardon, je trouve cela fantastique.

Assez voyagé, parlons maintenant de votre carrière. J’ai cru comprendre que vous étiez un garçon manqué lorsque vous étiez jeune, n’est-ce pas paradoxal d’être devenue mannequin ?

Il y a beaucoup de garçons manqués dans la mode finalement ! Moi, quand j’étais petite, j’avais fait mon propre magazine. Je ne pouvais pas m’acheter des revues, alors je les piquais dans les salles d’attente. Je découpais les pages, les visuels pour recréer mon journal. La mode m’intéressait mais je n’aurais jamais pensé être mannequin. Lorsque l’on m’a « repérée » dans la rue, ce fut une réelle surprise.

D’être tout à coup la doublure de Naomi Campbell, cela fait quel effet ?

C’est glamour d’être mannequin. On a des belles tenues, c’est fun quand même. Même si je m’ennuyais beaucoup, j’ai appris énormément pendant toutes ces années à New York.

Quel est votre rapport aujourd’hui à l’image ?

J’essaie de faire attention, on n’a jamais envie de véhiculer n’importe quoi, mais en même temps, on n’a pas envie de se prendre trop au sérieux. C’est compliqué.

Imany Think Zik

Pensez vous que la rigueur qui vous a accompagnée depuis l’enfance, éducation stricte, école militaire, les entrainements sportifs puisque vous vouliez être athlète et aller aux JO, le mannequinat, vous a aidé à vous construire en tant que chanteuse ?

Je le pense, oui. C’est de plus en plus dur. Sans rigueur mentale, ce n’est pas faisable. La rigueur fait tenir, supporter aussi les « non » jusqu’à ce que l’on entende enfin un «oui».

Que pensez vous des émissions de tv qui propulsent les jeunes au devant de la scène tout de suite ? Est-ce un gain de temps ou est-ce finalement dangereux pour eux ?

Est ce que, lorsque l’on veut être un artiste, on a besoin d’aller vite ? Pour savoir qui on est, ce que l’on veut vraiment, il faut le temps. Il faut faire des erreurs. Moi je suis passée par l’école de la vie surtout. On m’a, petit à petit, ouvert l’esprit. Tous les jours, c’est une recherche perpétuelle. Ces émissions tv sont là, non pas pour faire des artistes, mais de l’audimat ! Et ça, par contre, ça peut être dangereux. Certes, il y en a pour qui ça marche et, seraient ils devenus des artistes s’ils n’étaient pas passés par là aussi... ? Moi, je pense que l’on peut vivre sans.

Alors maintenant votre voix ! Votre très belle voix grave, comment a t’elle pu vous poser problème ? Est-ce vrai que vous devez beaucoup à Tracy Chapman ?

J’étais complexée quand j’étais jeune. D’ailleurs, on ne se débarrasse jamais des complexes, on apprend juste à vivre avec. Tracy Chapman, lorsque j’ai réalisé finalement que ce n’était pas un garçon, je me suis dit « tiens, tu n’es pas toute seule ! ». C’était réconfortant, j’avais l’impression avant d’être un extra-terrestre mais ça a fait son chemin, je ne me suis pas dit du jour au lendemain : « je vais être une autre Tracy Chapman ! »

Et la voix est importante pour vous ? Qui vous touche en ce moment ?

En ce moment, j’aime beaucoup la voix de la chanteuse de Alabama Shakes, Brittany Howard. Quel look ! Un peu bibliothécaire, on ne sait pas d’où elle débarque et elle sort cette voix ! J’aimais bien chez les gars Asaf Avidan, ah ! Antony and the Johnsons aussi et récemment c’est Charles X. Il faut que l’on sente quelque chose derrière une voix. J’aime les voix à défaut, on sent mieux l’histoire de la personne, je n’aime pas les voix trop parfaites.

Est il vrai que l’on vous ait dit que vous étiez trop belle pour chanter des chansons tristes ?

Oui, mais c’étaient des idiots ! J’étais encore mannequin. Il faut dire qu’il n’y a pas plus formaté que l’Amérique ! J’aurais dû pour eux chanter du R’n’b, être plus sexy mais ce n’est pas moi !

Imany Think ZIk

5 ans entre vos deux albums, c’est énorme !

En 5 ans, il s’est passé beaucoup de choses. J’étais en tournée pour me faire connaître, j’ai fait une musique de film (Sous les jupes des filles !) et il me fallait écrire. De toute façon, il ne faut pas revenir trop tôt. Il faut revenir avec les chansons qu’il faut !

Cet album, est il différent du premier ?  et dans quelle « case » peut on vous ranger ?

On ne sait pas trop où me ranger. « Folk », « pop », « blues », chacun peut y voir sa couleur.

Et la scène ?

Aujourd’hui, vu la crise du disque, si on veut toucher le public, le plus largement possible, la scène est indispensable.

Etre toujours sur les routes, il faut vraiment avoir la foi et ... quel enchaînement ! d’où vient«Imany» qui veut dire «foi» en swahili ?

Ça me vient d’un film quand j’étais ado « Un prince à New York » d’Eddy Murphy. La princesse soumise me plaisait bien et elle s’appelait « Imany ». C’est après que j’ai su, par ma mère, ce que ça voulait dire.

En quoi avez vous la foi ?

En plein de choses. En moi, en dieu, en l’équipe qui travaille avec moi et j’ai même la foi en l’humanité encore. C’est dire !

Comment vous définiriez vous ?

Je pense être drôle, j’aime bien faire des blagues. Je suis une grosse râleuse mais j’essaie d’être une fille positive quand même ! Ça m’aide à évacuer de râler, finalement, je tourne la page très vite, je pardonne assez facilement et j’essaie de respecter les gens.

Et vos projets ?

L’album déjà et... à côté, je suis marraine d’une association ENDOmind, qui me tient à cœur. La première campagne nationale contre l’endométriose va sortir cette année. On va enfin reconnaître une maladie qui existe depuis longtemps mais que l’on baptisait de « maladie de femmes ! »... Je suis très heureuse car tout le travail que nous faisons fait vraiment avancer les choses.

                                                                                                                                        Christiane Calonne

www.endomind.fr

"The wrong kind of war" Imany (Think Zik)

 

Olympia le 14 novembre 2016

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Publié dans : Arty